Peux tu te présenter rapidement ?
Romain La Monica, je suis dirigeant de RESET Competition, une entreprise basée dans le centre de la France spécialisée dans la compétition moto. J’interviens sur la partie ingénierie, c’est-à-dire les réglages électroniques et suspensions, paramétrage de capteurs, lecture et analyse des données, etc. Je propose mes prestations dans divers championnats comme l’année passée en Championnat de France et en Mondial Endurance.
J’ai pu découvrir ce métier en 2010 lorsque j’étais encore étudiant, et cela m’a passionné, j’ai directement su que je voulais faire carrière dans la compétition. J’ai été embauché en CDI dans l’une des plus grosses structures en France, l’écurie tecmas avec qui j’ai pu travailler en direct avec de gros constructeurs comme Honda ou dernièrement BMW.
Dans quels projets as-tu été impliqué en 2022 ?
L’année 2022 a été similaire à l’année 2021 : un programme Endurance avec l’écurie officielle BMW Motorrad World Endurance Team et sa BMW M1000RR n°37, et un programme vitesse avec l’écurie Officielle BMW France managée par TECMAS.
Mais aussi, j’ai eu de nombreux clients particuliers, de tout niveau, qui ont pu bénéficier d’un encadrement professionnel pour leurs évènements de courses ou mais aussi lors de simples journées de roulage.
Et comment cette saison s’est déroulée ?
Avec du recul, c’était une très bonne année ! Parfois frustrante, et parfois exaltante, cela n’a pas été une année simple mais quand on fait les comptes, l’équipe Endurance a décroché sa première victoire sur une course de 24h et a toujours été compétitive quelle que soit la course du Championnat du Monde, malheureusement la mécanique nous a empêché de montrer le plein potentiel du team et des pilotes.
Et en Championnat de France, on a alterné le très bas pour mieux profiter du très haut (rires…). Kenny Foray nous a fait vibrer toute la saison et a su accrocher un Valentin Debise que beaucoup pensaient intouchable, pour rafler le titre de Champion de France Superbike lors de la dernière course de la saison. D’ailleurs, je tiens à remercier Arnaud, le boss du team, Ugo et Luigi, les deux mécaniciens grâce à qui la saison a été exceptionnelle.
Toujours en FSBK, j’ai apprécié travailler avec le Team MDS de Mathieu Decouttere, et ses 2 pilotes Joseph Foray et Baptiste Santilli. Ils ont tout deux pu progresser grâce au professionnalisme apporté par le team MDS ; j’espère avoir su leur apporter satisfaction en leur donnant des infos pertinentes sur leurs forces et faiblesses et concernant les réglages de leur machine.
J’ai aussi embauché un ingénieur sous forme de contrat d’apprentissage : Benjamin Pouillard. Il a collaboré avec plusieurs pilotes en Championnat de France, notamment Maximilien Bau en Superbike, Christophe Seigneur et William Wallart en European Bikes, et du team Seigneur Motorsport en Endurance. Tout le monde semblait ravi de ses prestations donc cela a été une réussite, a tel point que nous allons travailler de nouveau ensemble en 2023 de manière très proche, sous la bannière RESET Competition.
Tu peux m’en dire plus ?
Pour résumer, l’année prochaine nous serons 2 à fournir les prestations que propose RESET Competition. Nous collaborerons à l’occasion des divers évènements sur piste mais aussi en dehors, car nous projetons de partager des locaux, du matériel, etc.
C’est une idée que j’avais en tête depuis un moment, aider les jeunes qui ont du talent et une envie de progresser dans le domaine très fermé de la compétition moto. Aujourd’hui, à ma connaissance il n’y a qu’une école qui propose une formation spécifique au métier de l’ingénieur en compétition, et trop peu d’entre eux ont percé dans le milieu alors que le besoin est bel et bien présent. Personnellement, j’aurais aimé être formé avec plus de facilité afin de gagner du temps et être performant plus rapidement, c’est ce que je veux apporter à la prochaine génération.
Tu penses qu’il y a un défaut de formation en France ?
Je ne dirais pas ça. Mais ce qui est certain, c’est que le sport motocycliste est trop peu estimé en France alors que c’est l’une des branches des sports mécaniques les plus conviviales pour le grand public, en plus, il y a beaucoup de spectacle et des dépassements à chaque tour de course. En plus, on subit la conjoncture politique actuelle et les restrictions dues aux problèmes climatiques, ce contexte n’aide pas à promouvoir les sports mécaniques. Là où je veux en venir, c’est qu’il y peu d’investissements dans notre sport dû à son défaut de popularité, et s’il y a peu d’investissements, à quoi bon former des personnes à des métiers lui correspondant ?
En Espagne, de nouveaux projets de créations de circuits voient le jour, en France, on se bat pour que les circuits puissent continuer à exister, et on perd la plupart de nos batailles…
Heureusement que les Français brillent en MotoGP, cela apporte un peu de lumière à notre sport, et créé de l’engouement pour ce sport qui est pour beaucoup une passion.
Revenons à l’activité de RESET Competition, quel sera le programme 2023 ?
Je vais commencer par le programme de Benjamin car c’est le plus simple : il conserve ses pilotes de l’année 2022 à savoir Seigneur Motorsport en Endurance et en European Bikes, avec les pilotes Christophe Seigneur et William Wallart, et Maximilien Bau en Superbike France.
De mon côté, je continue en endurance avec la BMW n°37, mais en championnat de France il y aura du changement. En 2023, je vais travailler pour EMC37, une entreprise Belge gérée par un Ingénieur renommé, Steven Casaer, qui est en charge notamment de la partie technique de la BMW d’endurance. Il gère également la structure de test Dunlop, dans laquelle je vais intervenir, de ce fait je ne pourrai pas travailler avec un autre manufacturier que Dunlop en championnat de France, je vais donc quitter le team Tecmas et Kenny Foray.
Je serai toujours présent en Championnat de France avec le Team MDS qui engage la dernière BMW M1000RR avec Jeremy Guarnoni à son guidon. Cela suit une forme de logique par rapport au projet endurance, en utilisant les mêmes pneumatiques et avec un pilote qui roule sur la 37. Mais d’un point de vue personnel, ce choix est guidé par mon besoin de progresser dans mon métier, et je pense que le moment était venu de miser sur les compétences car travailler avec quelqu’un comme Steven Casaer est très enrichissant, et j’espère que cela durera de nombreuses années.
Mon principal regret est de ne plus travailler avec Kenny Foray, car on avait noué une relation plus amicale que professionnelle, certains nous voyait un peu comme un couple (rires…). Cela a été la partie la plus négative pour moi car j’ai beaucoup d’estime pour ce gars-là, j’en profite d’ailleurs pour le remercier pour tout ce qu’il m’a apporté, et ce n’est pas quelque chose de quantifiable. Maintenant nous serons face à face, ça sera bizarre, mais je le connais bien et je sais qu’il sera plus motivé que jamais.
Il ne me reste plus qu’à te remercier et te souhaiter le meilleur pour 2023. Un mot pour finir ?
Merci à toi. Que 2023 soit une belle année pour toutes les personnes qui liront ces lignes. N’oubliez pas de venir sur les circuits, vous passerez une belle journée, sans aucun doute.